L’expérience des jeunes les plus vulnérables dans leur trajectoire d’intégration souligne les effets pervers d’un système d’aide qui repose entièrement sur une logique d’activation, c’est-à-dire sur la capacité des individus à prouver qu’ils sont acteurs et investis dans un projet d’insertion en contrepartie du soutien qui leur est apporté. L’injonction à l’autonomie est d’autant plus forte que l’individu dispose de peu de supports et, face à des perspectives d’avenir qui se réduisent souvent à une intégration disqualifiée, la passivité, l’apathie, l’agressivité, ou encore le retrait, apparaissent comme la seule résistance possible, la seule façon de maintenir une position d’acteur. L’analyse des parcours juvéniles et des pratiques des professionnels qui les accompagnent montre cependant comment certains intervenants, par leur investissement et le dépassement des cadres de leur intervention, se muent en producteurs d’accès aux droits pour les plus vulnérables et permettent ainsi de surmonter les logiques de désavantage cumulatif