Contexte : Ces trois dernières décennies, ont vu émerger un consensus sur la nécessité de fonder l’évaluation des programmes sur la logique d’intervention (ou théorie du programme). Cette approche permet d’identifier les indicateurs d’évaluation à partir des fonctions génératrices des changements attendus. Dans cette communication, nous présentons quelques enseignements méthodologiques tirés de l’analyse d’un programme de prévention de la transmission intergénérationnelle des conduites addictives : « Une affaire de famille ! » (UADF). Le programme, développé au Québec, est déployé en Normandie et à La Réunion par Association Addictions France (AAF) et leurs partenaires. Méthode : Afin d’identifier la logique d’intervention d’UADF, les traces écrites du programme ont été collectées. Des entretiens semi-directifs ont ensuite été réalisés sur les deux sites de mise en œuvre, auprès des professionnels d’AAF, puis auprès des participants. Ces données ont fait l’objet d’une analyse de contenu à partir d’une grille de codification reprenant les catégories de notre modèle logique conceptuel (activités, impacts proximaux et intermédiaires, effets ultimes attendus). Résultats : L’identification des activités et des locus de changement d’UADF dans les deux régions a montré que le programme québécois avait fait l’objet d’adaptation au niveau de sa forme ; ceci afin de prendre en compte les spécificités et les contraintes des participants recrutés. L’analyse met en lumière la façon dont les fonctions du programme ont été affectées par ces modifications. Par ailleurs, plusieurs activités de soutien du programme et de recrutement des participants ont montré l’enjeu de la mobilisation des populations les plus susceptibles de bénéficier du programme. Discussion : Notre étude, en mobilisant différentes sources de données, a fait ressortir plusieurs enjeux du transfert d’un programme vers une autre population et vers un autre contexte de pratique. La modélisation de la logique d’intervention ressort comme une étape cruciale préalable à l’évaluation des changements générés par le programme.