Comme souvent, cette rubrique juxtapose des thèses d’une part et des études ou rapports d’autre part. Au-delà du nombre de pages et des remerciements généreusement accordés par les auteurs des thèses à leurs proches, amis, collègues et conjoints, l’une des différences essentielles entre ces deux types de productions tient à l’utilisation des sources et des références. L’étude n’y recourt que très faiblement. Elle consiste à décrire une situation, à témoigner d’une réalité et l’objectif est de fournir une information, de peser sur une politique, voire de faire bouger des représentations et des opinions. L’étude est une réponse à la demande d’un commanditaire. C’est à une autre logique qu’obéit la recherche, qui vise à renouveler des savoirs, à construire de nouvelles connaissances. Elle est jugée par les pairs auxquels elle s’adresse avant tout. Le nombre de pages des thèses présentées régulièrement dans cette rubrique oscille entre 300 et 600. Une large partie est consacrée à la description des travaux antérieurs. Il faut en effet réussir à faire comprendre au lecteur comment les résultats que l’on a obtenus constituent une rupture ou un prolongement par rapport aux travaux précédents, dont l’inventaire doit être fait le plus rigoureusement possible. En sciences sociales, Durkheim, Arendt, Boudon, Castel, Foucault, Goffman, et bien d’autres, figurent régulièrement dans ces références de base. Julien Damon, professeur associé à Sciences Po, rédigea dans cette revue de nombreuses notices de présentation de ces auteurs de référence, privilégiant à la seule biographie la mise en perspective des théories et des systèmes de pensée. Les Presses universitaires de France viennent d’en éditer une sélection sous le titre « 100 penseurs de la société ». Texte précis et ouverture sur le monde large des sciences sociales, c’est un ouvrage à lire non pas comme une fiche Wikipédia mais bien comme un livre pour, au-delà du classement des noms par ordre alphabétique, se laisser surprendre par les proximités entre des auteurs que l’on imaginait si différents.