La décision en santé publique fondée sur les données probantes représente un enjeu majeur pour notre système de santé. Cette démarche promeut un changement de pratiques chez les décideurs et les acteurs mais aussi les chercheurs, les invitant à davantage de collaboration. Cependant, si le constat est partagé, il existe des freins à la mise en œuvre qui concernent tant la production de la preuve, complexe dans ce domaine, que son intégration dans les processus décisionnels et les pratiques professionnelles. Ces obstacles tiennent aux personnes, aux organisations, au contexte et à la nature des preuves elles-mêmes au sein de deux systèmes qui se côtoient sans se rencontrer : le milieu de la recherche et celui de la décision et de la pratique en santé publique Or, la démarche probante demande à situer la réflexion à un niveau systémique associant adaptation et dissémination des connaissances scientifiques par les producteurs de connaissances, habiletés des utilisateurs à acquérir, comprendre et appliquer les connaissances disponibles et structuration organisationnelle et culture soutenant l’utilisation de ces connaissances. C’est tout l’enjeu du transfert de connaissances : réinterroger la conduite des recherches à l’aune de leur utilité sociale et celle des politiques à l’aune des bases scientifiques sur lesquelles elles s’appuient. Cela revient alors à questionner à la fois les méthodes et logiques de production de preuves en santé publique, mais aussi la capacité de notre système de santé publique à s’organiser autour de ce nouveau paradigme d’intégration des données probantes Cette communication se propose de dresser l’état d’avancement des travaux français sur le sujet en identifiant dans ces deux mondes les freins au transfert de connaissances, les leviers possibles de développement, considérant les expériences étrangères en la matière.